La Cour pénale internationale va juger T. Lubanga

La confirmation des charges qui pèsent contre M. T. Lubanga, ex-chef de milice de la République démocratique du Congo (RDC), ouvre la voie au premier procès de l’histoire de la CPI.

L’ancien dirigeant de l’Union des patriotes congolais (UPC) devra répondre de crimes de guerre pour avoir enrôlé, entre septembre 2002 et le 13 août 2003 [1] - date à laquelle il a été arrêté et incarcéré à la prison de Kinshasa -, des enfants de moins de 15 ans au sein du Front patriotique de libération du Congo (FPLC), la branche armée de l’UPC, et de les avoir transformés, dans des camps d’entraînement militaire, en soldats à la solde de chefs de guerre.

Du côté de la défense, Me Jean Flamme, avocat de M. T. Lubanga, a affirmé « que le Procureur ne lui a pas donné accès aux informations nécessaires pour préparer sa défense. » Celui-ci a déploré la décision rendue à l’encontre de son client dénonçant un « procès politique ».

Vers une poursuite d’autres acteurs ayant eu un rôle international dans le conflit ?

Les observateurs internationaux se sont réjouis de l’audacieuse évocation par les juges d’une « internationalisation » du conflit de juin 2002 à fin 2003. Les juges ont ainsi reconnu le rôle tenu par l’armée ougandaise dans ce conflit et rappelé les soupçons qui pèsent sur le Rwanda, qui aurait armé, conseillé et financé la milice de Thomas Lubanga.

Par ailleurs, un représentant de l’ONG congolaise Justice Plus a rappelé que les défenseurs de droits de l’homme sur place et des témoins potentiels font l’objet de tentatives d’intimidation et a dit espérer voir la CPI poursuivre d’autres chefs de guerre.

Géraldine Mattioli, de Human Rights Watch, met à ce propos en garde contre les risques d’une « justice sélective ».

Vigilance à l’égard du processus de paix

En juillet 2006, la Chambre préliminaire II de la CPI a émis cinq mandats d’arrêt à l’encontre de cinq membres de l’Armée de résistance du Seigneur pour des crimes commis en Ouganda. Mais les rebelles cherchent à négocier avec le gouvernement de Kampala un retrait des mandats d’arrêt en échange d’un accord de paix qui mettrait fin à une guerre civile de dix-huit ans. Il est inquiétant de constater que dans cette logique la lutte contre l’impunité dépend du processus de paix et dans l’hypothèse où celui-ci aboutirait, les poursuites pourraient être abandonnées.

Sources : Le Monde, AFP

Notes

[1] A titre d’information une conférence internationale sur les enfants soldats (« Libérons les enfants de la guerre ») s’est tenue à Paris du 5 au 6 février 2007. Vous trouvez plus d’informations à ce sujet sur le site de l’UNICEFainsi que notre Lettre d’informations du mois de mars.

date de publication : 22 mars 2007

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